LES DIFFÉRENTES ESSENCES
ET LES DIFFÉRENTS COMPOSANTS D'UNE GUITARE
1.0 INTRODUCTION
Nombreux sont les bois
commercialement disponibles pour la facture de guitare. Ceux
acoustiquement sensibles sont appelés "bois de
résonance" ; cependant, très peu de ces espèces
sont utilisées puisque musicien, vendeurs et acheteurs ont
tendance à être quelque peu conservateurs,
préférant acquérir des instruments
fabriqués dans des bois "reconnus". Ceci est un problème
pour le luthier qui désire suivre une ligne de conduite
"écologique" respectant l'environnement, en utilisant une source
non tarissable : les bois de nos régions.
Il y a quelques centaines d'années, les relations commerciales
avec d'autres pays (Brésil, Inde, Etc....) ont institué les
"bonnes essences", soit de par leur valeur rare, leur prestige ou, plus
souvent, de par leur disponibilité et leur moindre coût.
Ceci créa certaines associations-type entre instrument et bois
(ex. : la guitare flamenco et le cyprès).
Une sélection de qualité est très importante dans
la fabrication d'instruments : la "coupe au papillon" (même
symétrie dans les morceaux), la "coupe au quartier", la maille,
un grain droit, un son distinct au tapotement, une solidité le
long et au travers du morceau, etc... On choisit toujours une "coupe au
quartier" pour sa résistance supérieure, son
uniformité et sa stabilité.
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Le bois doit ensuite être stocké dans un environnement
stable, loin de toutes portes et fenêtres, à un taux
d'humidité constant, entre 45 et 55 %, c'est à dire
plutôt sec. Le matériaux sont empilés proprement,
séparés par des tasseaux, laissant ainsi passer l'air et
sécher le bois naturellement ; des poids sont posés sur
la pile.
Vous avez ci-dessus une liste des essences les plus souvent
utilisées ainsi que quelques alternatives ; celle-ci est loin
d'être exhaustive et j'espère qu'elle vous aidera quelque
peu à identifier la texture de vos instruments.
2.0 LES FACTEURS BOIS
2.1 LA TABLE D'HARMONIE :
La table d'harmonie est l'âme de l'instrument. Sa
préparation requiert la plus grande attention et une
extrême propreté ; elle doit être choisie
attentivement selon sa structure et d'autres critères (cf. "la
sélection de qualité" dans l'introduction). Les
espèces utilisées pour la table,appelées aussi
"bois de résonance", appartiennent à la famille des
conifères ; leur qualité fondamentale est leur excellent
rapport entre grande rigidité et faible masse, ce
qui permet -immédiatement- une bonne transmission des
vibrations. On ne peut pas dire que l'un des bois
répertoriés ci-dessous soit d'une qualité
supérieure à l'autre : ils répondent
simplement à des besoins différents.
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2.1.1 L'EPICEA EUROPÉEN.
Son nom latin est "picea excelsa" ou "picea abies", d'une
densité variant entre 360 et 490 kgm3. Ce bois est
utilisé depuis des siècles dans la facture d'instruments
de haute qualité et est toujours considéré par de
nombreux luthiers comme le matériau par excellence de la table
d'harmonie. Récemment coupé, il est de couleur
jaune-blanc et fonce jusqu'à une riche couleur or s'il est
exposé à la lumière ou à des ultraviolets
artificiels ; certains luthiers "vieillissent" ainsi les tables
d'harmonie en les soumettent à des UV durant quelques jours.
Ceci durcit aussi la résine contenue dans le bois. Souvent
désigné sous le nom de "pin suisse" ou "pin alpin", il
pousse dans de nombreuses régions montagneuses d'Europe, tels
les pays de l'ex. Yougoslavie, l'Autriche, l'italie et la france
(Vosges et Jura). Pour une bonne qualité, il doit pousser dans
certaines conditions, de froid, d'altitude (1300M) d’exposition,
etc.....Il n'est pas facile de définir précisément
le son propre à ce matériau mais il peut être
décrit comme étant très clair, cristallin dans les
aigus, combinant une grande sensibilité et un timbre doux et
plaisant, répondant même à la moindre
légère attaque; il perd cependant un peu de clarté
quand il est joué fortement. Il est grandement
apprécié des joueurs de "fingerstyle", des guitaristes
classiques et des fabriquants de guitares steel string (folk) en Europe.
2.1.2 L'EPICEA DE SITKA.
Du nom latin "picea sitchensis" et d'une densité entre 400 et
500 kg/m3. il s'agit d'un bois rigide, dur et qui ne varie pas
considérablement en poids. Le Sitka est une
variété d'épicéa provenant de la côte
ouest des Etats-Unis et du Grand Nord Canadien. Il existe aussi une
île de Sitka située au sud-ouest de l'Alaska. Cet
épicéa est d'une couleur plus foncée que son
cousin l'européen, avec des nuances orange et roses. Il s'agit
du bois le plus utilisé pour la guitare folk (steel string),
offrant des qualités sonores (acoustique) exceptionnelles ainsi
qu'une excellente définition même sous une forte attaque.
Il a été adopté par la majorité des grosses
firmes américaines (ex.Martin) et commence à être
reconnu depuis quelques années par les facteurs de guitare
classique.
2.1.3 L'EPICEA D'ENGELMANN.
Du nom latin "picea engelmannii" et d'une densité entre
340 et 450 kg/m3. Celui-ci est une autre espèce
d'Amérique du Nord et du Canada.D'apparence similaire à
l'épicéa européen, il est parfois vendu comme tel
par certains fournisseurs et on le compare souvent à
l'épicéa Allemand pour ses similarités acoustiques
et visuelles. Son poids est inférieur à
l'européen. Il ne présente pas trop de contraste entre
les pousses annuelles,maissemble plus régulier. Depuis quelques
années, il monte en popularité et fait grande concurrence
aux autres épicéas.
2.1.4 L’EPICEA ADIRONDACK.
Encore connu sous le nom d’”épicéa rouge” ou
“épicéa des Appalaches”, une essence fort utilisée
par les fabricants américains de guitares à cordes acier
avant la 2ème guerre mondiale(ces instruments aujourd’hui sont
dit ”vintage” et prisés des collectionneurs).
Réutilisé depuis 10 à 15années par
les luthiers à la recherche de ce son puissant, clair, riche en
harmoniques et dynamique(idéal pour le “flat picking”). Il est
malheureusement difficile de le trouver en larges planches pour les
plus grandes guitares et possède de nombreuses variations de
grain et de couleurs qui peuvent “rebuter” quelque peu musiciens
et l’artisan. Son prix est bien plus élevé que ses
cousins, considéré même comme supérieur,
voire comme le “saint Graal” des tables d’harmonies!!! Ces vieilles
espèces de bois mériteraient peut etre une plus grande
attention sous risque de disparaître complètement un jour…
2.1.5 LE CÈDRE ROUGE (Western red cedar)
Son nom latin est "thuya plicata", d'une densité entre 320
et 420 kg/m3. Il appartient à la famille des thuyas et pas
réellement à celle du cèdre, ce terme lui ayant
été certainement donné pour des raisons
commerciales. La variété utilisée en lutherie
provient des forêts du Grand Nord Canadien et d'Amérique
du Nord Ouest. A l'opposé de l'épicéa, on le
trouve en grande quantité et il est facile de s'en procurer
d'excellente qualité. Ce matériau est bien plus
léger que l'épicéa ; il est également
très tendre et doit donc être manipulé avec une
grande précaution, le plus petit copeau marquant sa surface. Sa
couleur marron foncé plait d'avantage que la blancheur de
l'épicéa. Il combine aussi des qualités
mécaniques remarquables : rigidité,
légèreté, longévité et
stabilité ; une table en cèdre développe rarement
des fissures ! Ce bois, énormément utilisé en
guitare classique ces quinze dernières années grâce
à José RAMIREZ (l'un des luthiers Espagnols les plus
reconnus), a même supplanté l'épicéa. C'est
après la première guerre mondiale, et étant
donné la rareté d'épicéa de haute
qualité, que José RAMIREZ créa une série de
prototypes en cèdre. Les guitares donnèrent un son "plus
ouvert". Et alors que les tables en épicéa n'atteignent
leur potentiel qu'après quelques mois, voire années, le
cèdre semblerait donner un son plus immédiat : un son
très puissant, avec des basses très rondes et une
sonorité plus riche et plus large. Une table d'harmonie en
cèdre doit être d'une qualité exceptionnelle et
parfaitement coupée au quartier.
2.1.6 REDWOOD, CÈDRE JAUNE, CÈDRE "PORT OR FORD",
DOUGLASFIR.
Toutes ces espèces ont été utilisées pour
la fabrication d'instruments mais ne sont pas encore acceptées
par la majorité des luthiers. C'est le cas du Redwood, de son
nom latin "sequoia sempervirons" : il a la même densité
que le cèdre rouge ou que l'épicéa d'Engelmann
(entre 340 et 460 kg/m3) ; son apparence est similaire à celle
du cèdre rouge mais il n'y a aucune comparaison quant à
la sonorité ! C'est le bois choisi, pour 80% de sa fabrication,
par le luthier américain José ORIBE.
2.2 LE FOND ET LES ÉCLISSES :
L'utilisation de certains types de bois pour le fond et les
éclisses (ou côtés) est moins critique que pour le
choix de la table d'harmonie : ceux-ci colorent le son de l'instrument,
donnant une personnalité, favorisantainsi un registre
précis ou prolongeant la note. A cette fin, on utilise des bois
durs. Le fameux luthier Espagnol Antonio de TORRES (1817-1892),
pionnier de la guitare classique que l'on connaît aujourd'hui,
voulu en démontrer l'importance de la table à des
musiciens sceptiques : il construisit une guitare à la table en
épicéa et aux éclisses en "papier
mâché" ;les guitaristes,assez surpris, la décriront
comme étant un "très bon instrument" ! Une même
espèce peut offrir des différences de qualité ; la
façon dont ce bois sera coupé et séché sera
d'un grande incidence sur le résultat final !
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2.2.1 LE PALISSANDRE DU BRÉSIL OU DE RIO.
Le titre de "roi des bois" est décerné au palissandre du
Brésil, quasiment un mythe, en phase finale d'extinction. Son
nom latin est "dalberfia nigra". Sa densité varie entre 730 et
870 kg/m3. Par le passé, c'était le seul palissandre
utilisé en lutherie et ébénisterie. Il va du
magnifique strié marron-rouge "pain d'épice" (comme sur
les vieilles Martin) au marron foncé, en passant par l'orange
vif ou encore les tons roses ou verts des guitares classiques. Ce bois
magnifique combine des qualités remarquables, telle la
projection du son,avec des basses profondes et
généreuses. Son point faible, en dehors de sa
stabilité médiocre (difficile de le trouver "au
quartier") et de sa fragilité, est, assurément, son prix
(le plus élevé des palissandres). Un palissandre
Brésilien de haute qualité peut atteindre 1000 euros le
jeu !!! Le palissandre brésilien étant plus lourd que les
autres palissandres, le luthier "compense" en le travaillant un peu
plus fin, au travail il s’en dégage une subtile odeur
sucrée, un régal ! On l'utilise aussi souvent pour les
chevalets et les placages. Il est important de noter que cet
espèce est protégée par la convention C.I.T.ES. et
que sa vente comme son utilisation en sont limitées.
2.2.2 LE PALISSANDRE DE MADAGASCAR.
Il existe plusieurs variétés de “Dalbergia barroni”, le
palissandre de Madagascar ou le voambona qui proviennent de Madagascar.
C’est le bois le plus proche en terme de son et d’apparence au
Palissandre de Rio mais avec un plus une grande stabilité!
On retrouve les meilleures attributs des vieilles fournitures:
brillance, couleurs profondes(orangé, marron chocolaté,
violet) et motifs intenses: “gouttes d’eau” , “toiles
d”arraignée”, les qualités sonores sont aussi là:
clarté, projection, cet effet de pleinitude
ou”cathédrale”! c’est pour cela que l’on le nomme “le nouveau
Rio” ! Il est facile de le travailler et de le cintrer, disponible en
grande quantité (même si les guerres civiles, ouragans ont
traversé cette belle île), le prix de ce palissandre
atteint déjà la moitié des sublimes Rio.
2.2.3 LE PALISSANDRE DES INDES OU DE BOMBAY
Le palissandre Brésilien devenant rare, les luthiers se sont
tournés dès 1965 vers son cousin, le palissandre Indien.
Son nom latin est "dalbergia latifolia" et sa densité se situe
entre 650 et 850 KG/m3. Son grain est serré et sa couleur varie,
tantôt pourpre, brun violacé, parfois orange tirant sur le
marron ou même presque noir. Le palissandre des Indes, ou de
Bombay, est légèrement plus léger que le Rio mais
possède la même structure, avec des pores ouverts ; il est
quand même plus stable. Comme de nombreux noies durs et
tropicaux, il contient des dépôts de minéraux,
laissant des résidus blancs dans les pores,et aussi un grain
entrelacé. Le meilleur palissandre Indien est sauvage, celui des
plantations étant inférieur en qualité mais
aisément disponible, souvent nommé "palissandre
Indonésien" ou "sonnokelling". Il pousse rapidement et offre une
apparence délavée avec de fortes nuances vertes. Ses
caractéristiques sont très similaires au
Brésilien, avec peut-être une moindre projection ; il
s'inscrit donc comme l'actuel standard.
2.2.3 LES AUTRES PALISSANDRES
Ceci inclut le palissandre d'Amazonie, le palissandre du
Honduras (du Brésil), le palissandre de Santos (Bolivie) connu
sous le nom de “pau ferro”, le “kingwood”, “morado”, le "sissoo
mahogany" (comme le palissandre Indien), qui provient des montagnes
Indiennes, les palissandres Africains tels "le bubinga" ou encore le
fameux “blackwood africain”(certainement un des bois le plus
ressemblant au Rio, au point de vue sonore,de rareté et de
prix!). Sans oublier le"cocobolo" provenant du Sud du Mexique ou
d'Amérique Centrale (côte pacifique),Il possède les
mêmes caractéristiques que "le Roi des palissandres"
(projection, basses, profondeur,etc...) ; il est cependant plus lourd
et se travaille plus difficilement. De plus, de par sa nature huileuse,
il peut créer problème au collage et nécessite un
nettoyage préalable à l'alcool éthylique
industriel. C'est un bois très coloré, aux teintes
jaunes, marron et orange. Il existe d'autres 'dalbergia" ainsi que
d'autres bois durs et tropicaux d'Amériques du Sud,
décrits comme "palissandre" mais n'appartenant pas à
cette famille ; on les appelle souvent "jacaranga" ou "palissander",
termes commerciaux ne signifiant pas pour autant qu'il s'agit de
véritables palissandres.
2.2.4 L'ACAJOU
Il existe de nombreux acajous : plus de 300 sortes ! Mais le plus
utilisé en lutherie et le Brésilien, suivi du Honduras.
Son nom latin est "swietenia macrophylla" et sa densité se situe
entre 480 et 580 kg/m3. L'acajou de Cuba, "swietenia mahogainci" a
été utilisé pendant des siècles mais n'est
malheureusement plus disponible !Les stocks sont rares et atteignent
des prix très élevés, un des plus
élevés des bois ! D'autres acajou tel le sapele,
"entandrophragma cylindricum" (d'Amériques du Sud), de
densité entre 560 et 690 kg/m3 et l'acajou Africain "khaja
ivorensis", de densité entre 530 à 590 kg/m3, sont
souvent utilisés lors de la construction de guitares, mais plus
au stade industriel comme chez TAYLOR par exemple, qui utilise le
sapele pour le fond et les éclisses. Ce bois de densité
moyenne, de couleur marron doré avec reflets rosés,
souvent figuré : pommelé, flammé et est
très stable. Il donne un son clair et propre dans les basses
(parfois trop proéminent avec le palissandre),avec chaleur et
une belle durée de vie de note(sustain). On l'utilise
énormément pour la facture de guitares steel string
(folk), ainsi que pour les manches et les détails
intérieurs tels les barrages, les contre éclisses.
Difficile à cintrer par comparaison au palissandre (étant
donné sa faible teneur en huile) il devient fragile à la
chaleur et se brise soudainement.
2.2.5 LE CÈDRE DU BRÉSIL
C'est un bois dur, très différent du cèdre rouge
"thuya plicata” ; il est également connu sous le nom de
"cederela". Il ressemble à l'acajou mais sa structure est plus
ouverte. Lorsqu'on le travaille, il en émane une odeur
très forte mais plaisante. On l'utilise beaucoup pour la
fabrication des manches de guitares classiques en raison de sa
légèreté et de sa solidité. La fameuse
firme MARTIN l"utilisera aussi jusque dans les années 20. Les
détails intérieurs de l'instrument peuvent être
également effectués dans ce bois, donnant ainsi une
senteur aromatique agréable. Des poches de résine
risquent aussi malheureusement de donner un rendu disgracieux au vernis.
2.2.6 ÉRABLE OU SYCOMORE
Il est considéré comme un bois "moderne" dans la facture
de guitare alors qu'on l'utilise depuis des siècles dans la
famille du violon. On l'utilise souvent lorsqu'il est extrêmement
figuré : flammé, ondé, pommelé ou
moucheté. Bien que ceux-ci soient très plaisant à
l'œil, ces motifs engendrent souvent des difficultés lors du
travail (ex. : rabotage, cintrage).
Les trois espèces les plus utilisées sont:
- l'érable européen, "acer pseudoplanatus", de
densité entre 590 et 720 kg/m3,
- le "rock maple", "acer saccharum", de densité entre 750
et 820 kg/m3,
- le sycomore (le plus commun dans nos régions), un peu
plus tendre.
Les meilleurs érables proviennent d'Europe Centrale (où
ils poussent doucement et régulièrement en altitude), ou
encore d'Amérique. De couleur jaune pâle ou blanc, il se
prête à merveille aux variétés de teintes
(ex: ambré, sunburst). Sa puissance, comparable à celle
du palissandre, fait de lui un concurrent remarquable, une alternative.
Il est toutefois plus “discret”, “transparent” laissant ainsi place
qu’aux qualités de la table d’harmonie. Souvent utilisé
pour les guitares de jazz, il gagne petit à petit sa place dans
la fabrication des guitares acoustiques (plus fréquent en
guitare folk, en flamenco, mais presque inexistant en guitare
classique).
2.2.7 LE CYPRÈS
Ce bois est essentiellement associé à la guitare
flamenco. Il est plus “méditérranéen” qu’
espagnol, importé il y a des siècles d’Asie mineure, on
le trouve en Italie et d'autres régions européennes ou
encore aux États Unis (San Francisco) ou au Canada. Similaire
à l'érable pour sa structure, mais d'un jaune plus
soutenu, il est très aromatique et d'un poids léger. Son
nom latin est "cupressus sempervirens", sa façon de pousser en
fait un bois de faible qualité présentant des nœud et un
grain peu droit ; par conséquence, en bonne qualité, il
devient rare et onéreux.
2.2.8 LE KOA
Il est impossible de ne pas mentionner le koa, variété
d'acacias des îles Hawaiiennes. Son nom latin est "acacia koa" et
n’existe que dans ces îles Ce bois est de couleur
brun-orangé, aux belles veines foncées. Tout d’abord
utilisé pour la facture de l'Ukulele, à la vue de ce
magnifique bois les industries et luthiers eurent vite fait de l’
importer pour la facture de guitares à cordes acier. Dans les
années 30, après le crack boursier, de nombreuses firmes
connues(Weissenborn, Martin, Gibson…) l'ont utilisé comme
substitut à l'acajou devenu trop cher. Avec des couleurs allant
du marron à l’or au grain variable et riche, des ondes
profondes, on le trouve ondé et flammé…… de ce fait il
est difficile à travailler et cintrer. Même si cet arbre
pousse rapidement, il faillit disparaître par la
déforestation massive des forêts natives, cependant une
prise de conscience écologique de la population fit que cette
espèce est replantée régulièrement (2arbres
plantés pour un coupé), une bonne initiative à
suivre ! Ses qualités sonores se rapprochent à celles de
l’acajou, de belles basses profondes mais pas démesurées,
chaleur et clarté mais avec plus de registre dans les
médiums. Aujourd’hui on le trouve dans des modèles haut
de gamme et même dans la facture de guitares classiques. Une
essence “envoutante” dont le prix ne fait que grimper!
2.2.9 LES AUTRES BOIS
Des bois tels le citronnier, "satinwood" (provenant d' Inde et d'Asie),
le “padauk” de couleur orange-carotte, le Ziricote très
similaire au Rio, l’ “ébène de Macassar” strié de
belles lignes noires et blanches de l’est de l’Indonésie, l’
“Acacia noir” d’Australie(cousin du koa) est des plus ressemblants et
un superbe possibilté, les fruitiers comme le poirier, le
cerisier ou le noyer peuvent être utilisés à
condition de posséder un grain assez fin. Il vaut la peine de
s'intéresser à des espèces alternatives
étant donné le nombre croissant des bois "traditionnels"
menacés d'extinction et trop chers ou trop difficiles à
trouver.
3.3 LES BOIS DE TOUCHE :
Pour la plaque de touche (fingerboard ou fretboard), les bois les plus
couramment utilisés sont les suivants :
3.3.1 L'EBENE
Il existe plus de 435 espèces alors que seules 20sont
commercialement utilisées ! Le plus prisé est
l'ébène Africain (provenant la plupart du temps du Gabon
ou Cameroun) ; son nom latin est "diospyrus crassiflora". Sa
densité varie entre 900 et 1030 kg/m3. Utilisé aussi dans
la facture du quator(famille du violon) depuis des siècles. Il y
a encore une vingtaine d'années, il était fréquent
de se procurer des touches absolument noires, ce qui est devenu
très rare aujourd'hui , après exploitation intensive et
abusive au Gabon, ce bois a pratiquement disparu, notons qu'il faut
environ deux siècles pour qu'un ébénier arrive
à maturité! Il faut donc se tourner vers de nouvelles
sources : l'ébène Indien, "diospyrus ebenum", de
densité entre 880 et 1190 kg/m3 ou encore l’ébène
du Sri Lanka ou encore de Macassar, qui sont veinées de longues
veines très claires et prononcées de blanc et de marron
sont souvent considérées comme de qualité
inférieure mais ces “défauts” peuvent peut etre signe de
“caractère”. Sa noirceur contraste agréablement avec les
moindres incrustations de nacre. De plus, il est facile à polir,
et son contact est extrêmement doux. Les qualités de ce
bois sont sa densité, sa résistante aux chocs, son grain
serré empêche la sudation des doigts d'entrer en
profondeur et maintient fortement les pieds des frettes. Son principal
défaut est sa forte réaction à l’humidité,
il se rétracte ou gonfle.
3.3.2 LES AUTRES ESSENCES
Les autres alternatifs pour la fabrication de touches sont en fait des
bois durs, les plus rencontrés sont le palissandre du
Brésil pour des modèles haut de gamme, utilisé
pour sa beauté et luxe, il est dur et résistant et se
poli très agréable au toucher, on dit même qu’il
apporterait une chaleur dans le son. Puis tous ses cousins qui
possèdent les mêmes propriétés en plus d’une
meilleure stabilité, tels palissandre indien, de madagascar,
bois de rose, pau ferro, cocobolo, honduras … L’érable est plus
rarement utilisé pour les touches de guitares acoustiques, on
les connaît surtout sur les typiques Fender
Télécaster dès 1951, elles sont vernies afin que
la sudation ne ternisse pas la pureté de ce bois blanc. On lui
donne comme qualité sonore d’etre sec et percussif. Le noyer est
aussi un bois parfois utilisé, qui le fut depuis des
siècles pour des instruments anciens, et plus récemment
sur les modèles Ovation Adamas, c’est un bois qui est tres doux
au toucher, qui se poli bien, mais reste facile à rayer. De
nouveaux matériaux autres que le bois sont utilisés
à ce jour, l’aluminium ou matériaux composites tels le
Phénolic, le fébronic (fibre de carbone), pour les
instruments fretless, dont le but est d‘etre durable à vie, peut
etre le futur des instruments?
4.0 LES NOUVEAUX MATÉRIAUX
Nombreuses sont les expériences visant à remplacer le
bois tout en gardant ses caractéristiques et en supprimant ses
inconvénients. En 1968, le Docteur Charles KASHA (chercheur en
physique moléculaire et aéronautique) et le luthier
Richard SCHNEIDER menèrent une recherche sur un matériau
susceptible de remplacer le bois mais qui serait plus léger,
plus résistant et plus durable. Le Docteur KASHA appliqua ses
recherches à son secteur d'activité (pales
d'hélicoptères). Il créa ensuite la
société "OVATION" (USA). La table d'harmonie est
fabriquée en deux épaisseurs : en "febronic" et une
couche de bouleau au milieu. L'autre partie de la caisse de
résonance (fond et côtés) est faite en "lyrachord"
(fibre de silicone + résines). De nos jours quelques luthiers
utilisent ces nouveaux produits ; la plupart sont eux-mêmes des
scientifiques. Ces matériaux peuvent être la fibre de
Carbonne, l'aluminium, le cuivre, le graphite, le luddite, la silicone,
des résines, le polystyrène reconstitué et
d'autres matériaux composites ... En France, Jean-Luc JOIE
(chercheur en aérospatiale de formation) utilise ce type de
matériau. En Australie, le luthier très renommé
Greg SMALLMAN fabrique les guitares de John WILLIAMS en utilisant le
polystyrène, le balsa, le graphite, et le luddite. L'usine
Française VIGIER propose des modèles à 90% de
graphite et 10% de bois. En Angleterre, le luthier Paul FISHER est
connu pour ses associations bois et nouveaux matériaux.