Bois et Lutherie

engelmann
Epicéa Engelmann
épicéa européen
Epicéa Européen
épicéa de Sitka
Epicéa de Sitka
cèdre rouge canada
Cèdre rouge
Canadien

Acajou du Honduras
Acajou du Honduras
Acajou pommelé
Acajou pommelé
Acajou Sapelli
Acajou Sapelli
Bubinga
Bubinga

Erable flammé
Erable flammé

Erable marbré
Erable marbré
Erable pommelé
Erable pommelé
Koa
Koa
Palissandre du Honduras
Palissandre du
Honduras
Palissandre Indien
Palissandre Indien
Palissandre de Madagascar
Palissandre de
Madagascar
Palissandre de Rio
Palissandre de Rio






SOMMAIRE

- Introduction
- La table d'harmonie
- Le fond et les éclisses
- Les bois de touche
- L'entretien de la guitare


 



LES DIFFÉRENTES ESSENCES
ET LES DIFFÉRENTS COMPOSANTS D'UNE GUITARE



1.0 INTRODUCTION

Nombreux sont les bois commercialement disponibles pour la facture de guitare.  Ceux acoustiquement sensibles sont appelés "bois de résonance" ; cependant, très peu de ces espèces sont utilisées puisque musicien, vendeurs et acheteurs ont tendance à être quelque peu conservateurs, préférant acquérir des instruments fabriqués dans des bois "reconnus". Ceci est un problème pour le luthier qui désire suivre une ligne de conduite "écologique" respectant l'environnement, en utilisant une source non tarissable : les bois de nos régions.
Il y a quelques centaines d'années, les relations commerciales avec d'autres pays (Brésil, Inde, Etc....) ont institué les "bonnes essences", soit de par leur valeur rare, leur prestige ou, plus souvent, de par leur disponibilité et leur moindre coût. Ceci créa certaines associations-type entre instrument et bois (ex. : la guitare flamenco et le cyprès).

Une sélection de qualité est très importante dans la fabrication d'instruments : la "coupe au papillon" (même symétrie dans les morceaux), la "coupe au quartier", la maille, un grain droit, un son distinct au tapotement, une solidité le long et au travers du morceau, etc... On choisit toujours une "coupe au quartier" pour sa résistance supérieure, son uniformité et sa stabilité.


Le bois doit ensuite être stocké dans un environnement stable, loin de toutes portes et fenêtres, à un taux d'humidité constant, entre 45 et 55 %, c'est à dire plutôt sec. Le matériaux sont empilés proprement, séparés par des tasseaux, laissant ainsi passer l'air et sécher le bois naturellement ; des poids sont posés sur la pile.

Vous avez ci-dessus une liste des essences les plus souvent utilisées ainsi que quelques alternatives ; celle-ci est loin d'être exhaustive et j'espère qu'elle vous aidera quelque peu à identifier la texture de vos instruments.


2.0 LES FACTEURS BOIS

2.1 LA TABLE D'HARMONIE :

La table d'harmonie est l'âme de l'instrument. Sa préparation requiert la plus grande attention et une extrême propreté ; elle doit être choisie attentivement selon sa structure et d'autres critères (cf. "la sélection de qualité" dans l'introduction).  Les espèces utilisées pour la table,appelées aussi "bois de résonance", appartiennent à la  famille des conifères ; leur qualité fondamentale est leur excellent rapport entre grande   rigidité et faible masse, ce qui permet -immédiatement- une bonne transmission des vibrations.  On ne peut pas dire que l'un des bois répertoriés ci-dessous soit d'une qualité supérieure à  l'autre : ils répondent simplement à des besoins différents.


2.1.1 L'EPICEA EUROPÉEN.

Son nom latin est "picea excelsa" ou "picea abies", d'une densité variant entre 360 et 490 kgm3. Ce bois est utilisé depuis des siècles dans la facture d'instruments de haute qualité et est toujours considéré par de nombreux luthiers comme le matériau par excellence de la table d'harmonie. Récemment coupé, il est de couleur jaune-blanc et fonce jusqu'à une riche couleur or s'il est exposé à la lumière ou à des ultraviolets artificiels ; certains luthiers "vieillissent" ainsi les tables d'harmonie en les soumettent à des UV durant quelques jours. Ceci durcit aussi la résine contenue dans le bois. Souvent désigné sous le nom de "pin suisse" ou "pin alpin", il pousse dans de nombreuses régions montagneuses d'Europe, tels les pays de l'ex. Yougoslavie, l'Autriche, l'italie et la france (Vosges et Jura). Pour une bonne qualité, il doit pousser dans certaines conditions, de froid, d'altitude (1300M) d’exposition, etc.....Il n'est pas facile de définir précisément le son propre à ce matériau mais il peut être décrit comme étant très clair, cristallin dans les aigus, combinant une grande sensibilité et un timbre doux et plaisant, répondant même à la moindre légère attaque; il perd cependant un peu de clarté quand il est joué fortement. Il est grandement apprécié des joueurs de "fingerstyle", des guitaristes classiques et des fabriquants de guitares steel string (folk) en Europe.

2.1.2 L'EPICEA DE SITKA.

Du nom latin "picea sitchensis" et d'une densité entre 400 et 500 kg/m3. il s'agit d'un bois rigide, dur et qui ne varie pas considérablement en poids. Le Sitka est une variété d'épicéa provenant de la côte ouest des Etats-Unis et du Grand Nord Canadien. Il existe aussi une île de Sitka située au sud-ouest de l'Alaska. Cet épicéa est d'une couleur plus foncée que son cousin l'européen, avec des nuances orange et roses. Il s'agit du bois le plus utilisé pour la guitare folk (steel string), offrant des qualités sonores (acoustique) exceptionnelles ainsi qu'une excellente définition même sous une forte attaque. Il a été adopté par la majorité des grosses firmes américaines (ex.Martin) et commence à être reconnu depuis quelques années par les facteurs de guitare classique.

2.1.3 L'EPICEA D'ENGELMANN.

 Du nom latin "picea engelmannii" et d'une densité entre 340 et 450 kg/m3. Celui-ci est une autre espèce d'Amérique du Nord et du Canada.D'apparence similaire à l'épicéa européen, il est parfois vendu comme tel par certains fournisseurs et on le compare souvent à l'épicéa Allemand pour ses similarités acoustiques et visuelles. Son poids est inférieur à l'européen. Il ne présente pas trop de contraste entre les pousses annuelles,maissemble plus régulier. Depuis quelques années, il monte en popularité et fait grande concurrence aux autres épicéas.

2.1.4 L’EPICEA ADIRONDACK.

Encore connu sous le nom d’”épicéa rouge” ou “épicéa des Appalaches”, une essence fort utilisée par les fabricants américains de guitares à cordes acier avant la 2ème guerre mondiale(ces instruments aujourd’hui sont dit ”vintage” et prisés des collectionneurs). Réutilisé depuis 10 à 15années  par les luthiers à la recherche de ce son puissant, clair, riche en harmoniques et dynamique(idéal pour le “flat picking”). Il est malheureusement difficile de le trouver en larges planches pour les plus grandes guitares et possède de nombreuses variations de grain et de couleurs qui peuvent “rebuter” quelque peu musiciens et  l’artisan. Son prix est bien plus élevé que ses cousins, considéré même comme supérieur, voire comme le “saint Graal” des tables d’harmonies!!! Ces vieilles espèces de bois mériteraient peut etre une plus grande attention sous risque de disparaître complètement un jour…

2.1.5 LE CÈDRE ROUGE (Western red cedar)

Son nom latin est "thuya plicata", d'une densité entre 320 et 420 kg/m3. Il appartient à la famille des thuyas et pas réellement à celle du cèdre, ce terme lui ayant été certainement donné pour des raisons commerciales. La variété utilisée en lutherie provient des forêts du Grand Nord Canadien et d'Amérique du Nord Ouest. A l'opposé de l'épicéa, on le trouve en grande quantité et il est facile de s'en procurer d'excellente qualité. Ce matériau est bien plus léger que l'épicéa ; il est également très tendre et doit donc être manipulé avec une grande précaution, le plus petit copeau marquant sa surface. Sa couleur marron foncé plait d'avantage que la blancheur de l'épicéa. Il combine aussi des qualités mécaniques remarquables : rigidité, légèreté, longévité et stabilité ; une table en cèdre développe rarement des fissures ! Ce bois, énormément utilisé en guitare classique ces quinze dernières années grâce à José RAMIREZ (l'un des luthiers Espagnols les plus reconnus), a même supplanté l'épicéa. C'est après la première guerre mondiale, et étant donné la rareté d'épicéa de haute qualité, que José RAMIREZ créa une série de prototypes en cèdre. Les guitares donnèrent un son "plus ouvert". Et alors que les tables en épicéa n'atteignent leur potentiel qu'après quelques mois, voire années, le cèdre semblerait donner un son plus immédiat : un son très puissant, avec des basses très rondes et une sonorité plus riche et plus large. Une table d'harmonie en cèdre doit être d'une qualité exceptionnelle et parfaitement coupée au quartier.

2.1.6 REDWOOD, CÈDRE JAUNE, CÈDRE "PORT OR FORD", DOUGLASFIR.

Toutes ces espèces ont été utilisées pour la fabrication d'instruments mais ne sont pas encore acceptées par la majorité des luthiers. C'est le cas du Redwood, de son nom latin "sequoia sempervirons" : il a la même densité que le cèdre rouge ou que l'épicéa d'Engelmann (entre 340 et 460 kg/m3) ; son apparence est similaire à celle du cèdre rouge mais il n'y a aucune comparaison quant à la sonorité ! C'est le bois choisi, pour 80% de sa fabrication, par le luthier américain José ORIBE.

2.2 LE FOND ET LES ÉCLISSES :

L'utilisation de certains types de bois pour le fond et les éclisses (ou côtés) est moins critique que pour le choix de la table d'harmonie : ceux-ci colorent le son de l'instrument, donnant une personnalité, favorisantainsi un registre précis ou prolongeant la note. A cette fin, on utilise des bois durs. Le fameux luthier Espagnol Antonio de TORRES (1817-1892), pionnier de la guitare classique que l'on connaît aujourd'hui, voulu en démontrer l'importance de la table à des musiciens sceptiques : il construisit une guitare à la table en épicéa et aux éclisses en "papier mâché" ;les guitaristes,assez surpris, la décriront comme étant un "très bon instrument" ! Une même espèce peut offrir des différences de qualité ; la façon dont ce bois sera coupé et séché sera d'un grande incidence sur le résultat final !


2.2.1 LE PALISSANDRE DU BRÉSIL OU DE RIO.

Le titre de "roi des bois" est décerné au palissandre du Brésil, quasiment un mythe, en phase finale d'extinction. Son nom latin est "dalberfia nigra". Sa densité varie entre 730 et 870 kg/m3. Par le passé, c'était le seul palissandre utilisé en lutherie et ébénisterie. Il va du magnifique strié marron-rouge "pain d'épice" (comme sur les vieilles Martin) au marron foncé, en passant par l'orange vif ou encore les tons roses ou verts des guitares classiques. Ce bois magnifique combine des qualités remarquables, telle la projection du son,avec des basses profondes et généreuses. Son point faible, en dehors de sa stabilité médiocre (difficile de le trouver "au quartier") et de sa fragilité, est, assurément, son prix (le plus élevé des palissandres). Un palissandre Brésilien de haute qualité peut atteindre 1000 euros le jeu !!! Le palissandre brésilien étant plus lourd que les autres palissandres, le luthier "compense" en le travaillant un peu plus fin, au travail il s’en dégage une subtile odeur sucrée, un régal ! On l'utilise aussi souvent pour les chevalets et les placages. Il est important de noter que cet espèce est protégée par la convention C.I.T.ES. et que sa vente comme son utilisation en sont limitées.

2.2.2 LE PALISSANDRE DE MADAGASCAR.

Il existe plusieurs variétés de “Dalbergia barroni”, le palissandre de Madagascar ou le voambona qui proviennent de Madagascar. C’est le bois le plus proche en terme de son et d’apparence au Palissandre de Rio mais avec un plus une grande stabilité!  On retrouve les meilleures attributs des vieilles fournitures: brillance, couleurs profondes(orangé, marron chocolaté, violet) et motifs intenses: “gouttes d’eau” , “toiles d”arraignée”, les qualités sonores sont aussi là: clarté, projection, cet effet de pleinitude ou”cathédrale”! c’est pour cela que l’on le nomme “le nouveau Rio” ! Il est facile de le travailler et de le cintrer, disponible en grande quantité (même si les guerres civiles, ouragans ont traversé cette belle île),  le prix de ce palissandre atteint déjà la moitié des sublimes Rio.

2.2.3 LE PALISSANDRE DES INDES OU DE BOMBAY

Le palissandre Brésilien devenant rare, les luthiers se sont tournés dès 1965 vers son cousin, le palissandre Indien. Son nom latin est "dalbergia latifolia" et sa densité se situe entre 650 et 850 KG/m3. Son grain est serré et sa couleur varie, tantôt pourpre, brun violacé, parfois orange tirant sur le marron ou même presque noir. Le palissandre des Indes, ou de Bombay, est légèrement plus léger que le Rio mais possède la même structure, avec des pores ouverts ; il est quand même plus stable. Comme de nombreux noies durs et tropicaux, il contient des dépôts de minéraux, laissant des résidus blancs dans les pores,et aussi un grain entrelacé. Le meilleur palissandre Indien est sauvage, celui des plantations étant inférieur en qualité mais aisément disponible, souvent nommé "palissandre Indonésien" ou "sonnokelling". Il pousse rapidement et offre une apparence délavée avec de fortes nuances vertes. Ses caractéristiques sont très similaires au Brésilien, avec peut-être une moindre projection ; il s'inscrit donc comme l'actuel standard.

2.2.3 LES AUTRES PALISSANDRES

Ceci inclut le palissandre d'Amazonie,   le palissandre du Honduras (du Brésil), le palissandre de Santos (Bolivie) connu sous le nom de “pau ferro”, le “kingwood”, “morado”, le "sissoo mahogany" (comme le palissandre Indien), qui provient des montagnes Indiennes, les palissandres Africains tels "le bubinga" ou encore le fameux “blackwood africain”(certainement un des bois le plus ressemblant au Rio, au point de vue sonore,de rareté et de prix!). Sans oublier le"cocobolo" provenant du Sud du Mexique ou d'Amérique Centrale (côte pacifique),Il possède les mêmes caractéristiques que "le Roi des palissandres" (projection, basses, profondeur,etc...) ; il est cependant plus lourd et se travaille plus difficilement. De plus, de par sa nature huileuse, il peut créer problème au collage et nécessite un nettoyage préalable à l'alcool éthylique industriel. C'est un bois très coloré, aux teintes jaunes, marron et orange. Il existe d'autres 'dalbergia" ainsi que d'autres bois durs et tropicaux d'Amériques du Sud, décrits comme "palissandre" mais n'appartenant pas à cette famille ; on les appelle souvent "jacaranga" ou "palissander", termes commerciaux ne signifiant pas pour autant qu'il s'agit de véritables palissandres.

2.2.4 L'ACAJOU

Il existe de nombreux acajous : plus de 300 sortes ! Mais le plus utilisé en lutherie et le Brésilien, suivi du Honduras. Son nom latin est "swietenia macrophylla" et sa densité se situe entre 480 et 580 kg/m3. L'acajou de Cuba, "swietenia mahogainci" a été utilisé pendant des siècles mais n'est malheureusement plus disponible !Les stocks sont rares et atteignent des prix très élevés, un des plus élevés des bois ! D'autres acajou tel le sapele, "entandrophragma cylindricum" (d'Amériques du Sud), de densité entre 560 et 690 kg/m3 et l'acajou Africain "khaja ivorensis", de densité entre 530 à 590 kg/m3, sont souvent utilisés lors de la construction de guitares, mais plus au stade industriel comme chez TAYLOR par exemple, qui utilise le sapele pour le fond et les éclisses. Ce bois de densité moyenne, de couleur marron doré avec reflets rosés, souvent figuré : pommelé, flammé et est très stable. Il donne un son clair et propre dans les basses (parfois trop proéminent avec le palissandre),avec chaleur et une belle durée de vie de note(sustain). On l'utilise énormément pour la facture de guitares steel string (folk), ainsi que pour les manches et les détails intérieurs tels les barrages, les contre éclisses. Difficile à cintrer par comparaison au palissandre (étant donné sa faible teneur en huile) il devient fragile à la chaleur et se brise soudainement.

2.2.5 LE CÈDRE DU BRÉSIL

C'est un bois dur, très différent du cèdre rouge "thuya plicata” ; il est également connu sous le nom de "cederela". Il ressemble à l'acajou mais sa structure est plus ouverte. Lorsqu'on le travaille, il en émane une odeur très forte mais plaisante. On l'utilise beaucoup pour la fabrication des manches de guitares classiques en raison de sa légèreté et de sa solidité. La fameuse firme MARTIN l"utilisera aussi jusque dans les années 20. Les détails intérieurs de l'instrument peuvent être également effectués dans ce bois, donnant ainsi une senteur aromatique agréable. Des poches de résine risquent aussi malheureusement de donner un rendu disgracieux au vernis.

2.2.6 ÉRABLE OU SYCOMORE

Il est considéré comme un bois "moderne" dans la facture de guitare alors qu'on l'utilise depuis des siècles dans la famille du violon. On l'utilise souvent lorsqu'il est extrêmement figuré : flammé, ondé, pommelé ou moucheté. Bien que ceux-ci soient très plaisant à l'œil, ces motifs engendrent souvent des difficultés lors du travail (ex. : rabotage, cintrage).

Les trois espèces les plus utilisées sont:
 - l'érable européen, "acer pseudoplanatus", de densité entre 590 et 720 kg/m3,
 - le "rock maple", "acer saccharum", de densité entre 750 et 820 kg/m3,
 - le sycomore (le plus commun dans nos régions), un peu plus tendre.


Les meilleurs érables proviennent d'Europe Centrale (où ils poussent doucement et régulièrement en altitude), ou encore d'Amérique. De couleur jaune pâle ou blanc, il se prête à merveille aux variétés de teintes (ex: ambré, sunburst). Sa puissance, comparable à celle du palissandre, fait de lui un concurrent remarquable, une alternative. Il est toutefois plus “discret”, “transparent” laissant ainsi place qu’aux qualités de la table d’harmonie. Souvent utilisé pour les guitares de jazz, il gagne petit à petit sa place dans la fabrication des guitares acoustiques (plus fréquent en guitare folk, en flamenco, mais presque inexistant en guitare classique).

 2.2.7 LE CYPRÈS

Ce bois est essentiellement associé à la guitare flamenco. Il est plus  “méditérranéen” qu’ espagnol, importé il y a des siècles d’Asie mineure, on le trouve en Italie et d'autres régions européennes ou encore aux États Unis (San Francisco) ou au Canada. Similaire à l'érable pour sa structure, mais d'un jaune plus soutenu, il est très aromatique et d'un poids léger. Son nom latin est "cupressus sempervirens", sa façon de pousser en fait un bois de faible qualité présentant des nœud et un grain peu droit ; par conséquence, en bonne qualité, il devient rare et onéreux.

2.2.8 LE KOA

Il est impossible de ne pas mentionner le koa, variété d'acacias des îles Hawaiiennes. Son nom latin est "acacia koa" et n’existe que dans ces îles Ce bois est de couleur brun-orangé, aux belles veines foncées. Tout d’abord utilisé pour la facture de l'Ukulele, à la vue de ce magnifique bois les industries et luthiers eurent vite fait de l’ importer pour la facture de guitares à cordes acier. Dans les années 30, après le crack boursier, de nombreuses firmes connues(Weissenborn, Martin, Gibson…) l'ont utilisé comme substitut à l'acajou devenu trop cher. Avec des couleurs allant du marron à l’or au grain variable et riche, des ondes profondes, on le trouve ondé et flammé…… de ce fait il est difficile à travailler et cintrer. Même si cet arbre pousse rapidement,  il faillit disparaître par la déforestation massive des forêts natives, cependant une prise de conscience écologique de la population fit que cette espèce est replantée régulièrement (2arbres plantés pour un coupé), une bonne initiative à suivre ! Ses qualités sonores se rapprochent à celles de l’acajou, de belles basses profondes mais pas démesurées, chaleur et clarté mais avec plus de registre dans les médiums. Aujourd’hui on le trouve dans des modèles haut de gamme et même dans la facture de guitares classiques. Une essence “envoutante” dont le prix ne fait que grimper!
 
2.2.9 LES AUTRES BOIS

Des bois tels le citronnier, "satinwood" (provenant d' Inde et d'Asie), le “padauk” de couleur orange-carotte, le Ziricote très similaire au Rio, l’ “ébène de Macassar” strié de belles lignes noires et blanches de l’est de l’Indonésie, l’ “Acacia noir” d’Australie(cousin du koa) est des plus ressemblants et un superbe possibilté, les fruitiers comme le poirier, le cerisier ou le noyer peuvent être utilisés à condition de posséder un grain assez fin. Il vaut la peine de s'intéresser à des espèces alternatives étant donné le nombre croissant des bois "traditionnels" menacés d'extinction et trop chers ou trop difficiles à trouver.

3.3 LES BOIS DE TOUCHE :

Pour la plaque de touche (fingerboard ou fretboard), les bois les plus couramment utilisés sont les suivants :

 3.3.1 L'EBENE

Il existe plus de 435 espèces alors que seules 20sont commercialement utilisées ! Le plus prisé est l'ébène Africain (provenant la plupart du temps du Gabon ou Cameroun) ; son nom latin est "diospyrus crassiflora". Sa densité varie entre 900 et 1030 kg/m3. Utilisé aussi dans la facture du quator(famille du violon) depuis des siècles. Il y a encore une vingtaine d'années, il était fréquent de se procurer des touches absolument noires, ce qui est devenu très rare aujourd'hui , après exploitation intensive et abusive au Gabon, ce bois a pratiquement disparu, notons qu'il faut environ deux siècles pour qu'un ébénier arrive à maturité! Il faut donc se tourner vers de nouvelles sources : l'ébène Indien, "diospyrus ebenum", de densité entre 880 et 1190 kg/m3 ou encore l’ébène du Sri Lanka ou encore de Macassar, qui sont veinées de longues veines très claires et prononcées de blanc et de marron sont souvent considérées comme de qualité inférieure mais ces “défauts” peuvent peut etre signe de “caractère”. Sa noirceur contraste agréablement avec les moindres incrustations de nacre. De plus, il est facile à polir, et son contact est extrêmement doux. Les qualités de ce bois sont sa densité, sa résistante aux chocs, son grain serré empêche la sudation des doigts d'entrer en profondeur et maintient fortement les pieds des frettes. Son principal défaut est sa forte réaction à l’humidité, il se rétracte ou gonfle.
 
3.3.2 LES AUTRES ESSENCES

Les autres alternatifs pour la fabrication de touches sont en fait des bois durs, les plus rencontrés sont le palissandre du Brésil pour des modèles haut de gamme, utilisé pour sa beauté et luxe, il est dur et résistant et se poli très agréable au toucher, on dit même qu’il apporterait une chaleur dans le son. Puis tous ses cousins qui possèdent les mêmes propriétés en plus d’une meilleure stabilité, tels palissandre indien, de madagascar, bois de rose, pau ferro, cocobolo, honduras … L’érable est plus rarement utilisé pour les touches de guitares acoustiques, on les connaît surtout sur les typiques Fender Télécaster dès 1951, elles sont vernies afin que la sudation ne ternisse pas la pureté de ce bois blanc. On lui donne comme qualité sonore d’etre sec et percussif. Le noyer est aussi un bois parfois utilisé, qui le fut depuis des siècles pour des instruments anciens, et plus récemment sur les modèles Ovation Adamas, c’est un bois qui est tres doux au toucher, qui se poli bien, mais reste facile à rayer. De nouveaux matériaux autres que le bois sont utilisés à ce jour, l’aluminium ou matériaux composites tels le Phénolic, le fébronic (fibre de carbone),  pour les instruments fretless, dont le but est d‘etre durable à vie, peut etre le futur des instruments?

4.0 LES NOUVEAUX MATÉRIAUX

Nombreuses sont les expériences visant à remplacer le bois tout en gardant ses caractéristiques et en supprimant ses inconvénients. En 1968, le Docteur Charles KASHA (chercheur en physique moléculaire et aéronautique) et le luthier Richard SCHNEIDER menèrent une recherche sur un matériau susceptible de remplacer le bois mais qui serait plus léger, plus résistant et plus durable. Le Docteur KASHA appliqua ses recherches à son secteur d'activité (pales d'hélicoptères). Il créa ensuite la société "OVATION" (USA). La table d'harmonie est fabriquée en deux épaisseurs : en "febronic" et une couche de bouleau au milieu. L'autre partie de la caisse de résonance (fond et côtés) est faite en "lyrachord" (fibre de silicone + résines). De nos jours quelques luthiers utilisent ces nouveaux produits ; la plupart sont eux-mêmes des scientifiques. Ces matériaux peuvent être la fibre de Carbonne, l'aluminium, le cuivre, le graphite, le luddite, la silicone, des résines, le polystyrène reconstitué et d'autres matériaux composites ... En France, Jean-Luc JOIE (chercheur en aérospatiale de formation) utilise ce type de matériau. En Australie, le luthier très renommé Greg SMALLMAN fabrique les guitares de John WILLIAMS en utilisant le polystyrène, le balsa, le graphite, et le luddite. L'usine Française VIGIER propose des modèles à 90% de graphite et 10% de bois. En Angleterre, le luthier Paul FISHER est connu pour ses associations bois et nouveaux matériaux.

 


L'ENTRETIEN DE LA GUITARE
 

Bonjour ! Voici une rubrique (non exhaustive) avec ''trucs & astuces'' afin de bichonner, redonner un coup de  jeunesse à votre instrument préféré.

 

 

Les cordes :
La transpiration oxyde énormément les cordes, diminuant ainsi leur durée de vie. Après chaque concert ou répétition, il faut passer un petit coup de chiffon sur et sous les cordes ainsi que sur la touche. Changez régulièrement vos cordes en fonction de la fréquence et conditions de leur utilisation (en général pour le classique changez 2fois les basses avant de changer le jeu complet, en profiter pour nettoyer la touche). Un jeu à tension Forte (ex : Savarez Corum Alliance Bleu) peut parfois redonner souffle à votre guitare !

La touche  :
Se laver les mains avant de jouer peut être le premier réflexe. Une touche ébène, palissandre n'est pas vernie,  c'est pour cela qu'il faut la protéger. Elle n'est pas toujours facile à nettoyer, la sudation s'incrustant dans les pores du bois, pour cela ''le Grand Nettoyage'' 2 fois par an est nécessaire :

  • Enlevez les cordes.

  • Préparez dans une tasse de l'eau chaude et 3gouttes de détergent vaisselle, y plonger un chiffon coton.

  • Essorez (attention, ouille, c'est chaud !) complètement le chiffon afin qu'il soit juste chaud et à peine humide, n'hésitez pas à frotter pour enlever toute la crasse incrustée près des frettes (on peut utiliser son ongle le long de la frette mais attention à ne pas rayer le bois ! ! !).

  • Huiler ensuite la touche afin de nourrir et protéger le bois, le ''Must'' étant l'huile de citron (provenant du Citronnier, l'arbre, et non du fruit) que l'on peut trouver chez son luthier préféré, parfois en magasin de musique, à appliquer avec un chiffon doux, sinon le Fast Fret de GHS (un tampon)  peut la remplacer - environ 7.50euros chaque - d'autres huiles sont parfois utilisées : huile de Teck, de Lin, d'Olive mais je les trouve soit trop odorantes ou grasses.

  • Laisser pénétrer durant 2minutes, rappliquez autant de fois que l'huile soit bue.

  • Essuyez l'excédent avec un chiffon coton qui donnera un beau fini uni et poli.

La caisse :
En premier lieu, essuyez la transpiration sur le manche, fond, table, etc.… avec un chiffon doux ,chamoisine de grande surface  (utilisées par  toute bonne '' fée du logis'') ou une peau de chamois,  cette sudation ronge les vernis, certains sont plus sensibles que d'autres : vernis au tampon, cellulosique.
Ne pas passer des essences, térébenthine, alcool, trichloréthylène, white spirit, ceci pourrait endommager cette fine protection du bois. Ne pas appliquer des produits ménagers pour meubles tel Plizz qui déposent une couche de silicone empêchant toutes retouches de vernis en cas d'accident .
Il faut donc nettoyer sa guitare avec des produits prévus tel les Polish (GHS, DUNLOP, MARTIN) que l'on trouve dans les magasins de musique, à l'aide d'une chamoisine  en frottant de façon circulaire et lustrer avec un côté sec. Si la guitare est âgée, encrassée, nettoyez la avec le chiffon chaud peu humide et du produit vaisselle comme pour la touche, sécher avec un chiffon sec et finir avec le polish.

Les mécaniques :
Sur les mécaniques à engrenages (type classique, parfois folk) vous devez ajouter quelques gouttes d'huile  de machine à coudre ou afin de prolonger leur vie et précision, les  tourner et rehuiler si nécessaire, le mouvement doit être fluide .

L'humidité :
Le bois est en quelque sorte une éponge, il est donc sensible à l'hygrométrie. Les instruments résistent mieux à l'humidité qu'à la sécheresse excessive, il est conseillé de garder sa guitare dans un milieu constant en température et hygrométrie entre 45 et 55% (le mieux étant de la laisser dans son étui) et de surveiller la pièce grâce à un hygromètre (digital, de 15 à 30euros dans les rayons jardineries). Trop d'humidité fera que la guitare gonfle, mais tout rentre dans l'ordre quand le temps redevient clément, le contraire est grave (en dessous de 35% le bois rétrécit , premier symptôme : on sent plus le bord des frettes qu'à la normale)  puis des fissures, décollements apparaissent, c'est à ce moment là que les problèmes arrivent…. Direction chez le luthier ! Une source de chaleur, luminosité directe (fenêtre, radiateur, stockage dans la voiture) doivent être évitées, ayez le réflexe ! L'hiver est une dure période pour la guitare (anticyclones qui apportent le temps sec, chauffage central qui assèche l'air) les contrastes/chocs thermiques (froid/chaud ou contraire) peut fendre vernis, table d'harmonie, décoller les joints, donc ne la bousculez pas, laissez du temps avant d'ouvrir l'étui pour qu'elle s'acclimate à la pièce .
... Et malgré tous ces conseils, vous n'arrivez pas à redonner une 2ème vie à votre ''boîte à camembert avec un manche au bout'', il ne vous reste plus qu'à la porter à votre luthier préféré et peut être nécessite t-elle simplement un peu plus d'attention et un bon réglage .

 


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